Perspectives


Sénégal: Omar Diop, directeur général de la Sar - « Avec la découverte de pétrole, nous pensons à la construction d'une nouvelle raffinerie »
Monsieur le directeur général, après l'annonce de la découverte de pétrole au Sénégal, confirmée par deux forages, notre pays va, très prochainement, devenir un producteur. En tant qu'entreprise de raffinage, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Permettez-moi tout d'abord de remercier les autorités de ce pays, particulièrement le président de la République, Macky Sall, et nos partenaires de Petrosen.
Tout cela pour dire que cette découverte est l'œuvre de plusieurs générations qui ont su anticiper, très tôt, sur le devenir de l'exploration pétrolière au Sénégal, en rendant notre bassin sédimentaire très attractif par la mise en place d'outils de promotion pétrolière très bien élaborés.
Nous attendons, pour le moment, après le succès du second forage, les résultats des évaluations techniques et économiques de cette découverte pour relancer et redynamiser les projets dans le sous-secteur du raffinage. 
Nous avons également écho de la qualité du brut qui est très bonne et le type de pétrole conventionnel (léger) qui aurait une densité Api de 22 degrés ou plus.
Mais, toujours est-il que nous sommes dans les dispositions pour éventuellement accompagner les autorités dans cette dynamique.
Cela d'autant plus que nous venons de terminer, avec succès, l'arrêt métal 2014, qui nous a permis de réviser nos installations et, du coup, de booster nos capacités de production. Tout ceci pour dire que la Sar est fin prête pour accompagner le Sénégal dans son nouveau statut.
Quel est l'intérêt, pour notre pays, d'avoir une raffinerie avant la découverte de pétrole ?
Il faut souligner que le pétrole brut n'est pas utilisé tel quel, mais après transformation en différents produits finis : carburants, combustibles, matières premières pour la pétrochimie et autres produits spécifiques (bitume, huiles lubrifiantes).
L'objectif du raffinage est de mettre à la disposition du consommateur des produits de qualité, dans le respect de normes précises, notamment environnementales et aux quantités requises par le marché.
Cette découverte confirme les choix stratégiques opérés par le gouvernement qui consistent à maintenir l'outil industriel de raffinage et justifie amplement la décision prise à l'issue de l'étude sur le rôle de la Sar dans l'approvisionnement en produits pétroliers et son avenir industriel de novembre 2013.
C'est encore, le lieu de remercier les autorités du pays par rapport à leur choix audacieux à l'endroit de la Sar. Il faut également remarquer l'engagement de mes collaborateurs qui se surpassent quotidiennement pour donner le meilleur d'eux-mêmes afin de répondre aux attentes de nos autorités et de nos consommateurs.
Un petit rappel nous permettra aussi de mieux comprendre l'anticipation des autorités. Etant la doyenne des raffineries africaines, la Sar, construite en 1961, est un bel exemple d'outil d'intégration industrielle dans l'espace Uemoa.
La raffinerie a été conçue, à l'origine, pour couvrir les besoins du marché sénégalais, mauritanien et malien. A ce sujet, elle a pu relever trois défis. 
Tout d'abord, il y a le défi technologique à travers une expertise avérée et reconnue du personnel de la Sar à travers le monde. Le deuxième défi est industriel, lorsqu'on sait que le métier du raffinage est un métier difficile et risqué.
Après 50 ans de pratique intensive, les hommes et les femmes de la Sar ont atteint le sommet de leur art tout en continuant à apprendre et à se mettre à niveau pour mieux servir. 
Pour le dernier défi qui concerne les aspects économiques, il faut rappeler que la Sar a toujours participé et continuera à le faire, au développement économique et social du Sénégal. 
Comment la Société africaine de raffinage se prépare-t-elle pour participer à l'exploitation de ce pétrole attendu dans les cinq prochaines années ? 
Pour approvisionner le marché local, le Sénégal associe, depuis de nombreuses années, des importations à la production de produits raffinés par la Sar. 
La capacité de la Sar à suivre le rythme des besoins du marché a décliné ces dernières années, mais sa production représente encore 40 % environ de la demande locale. Cette découverte nous offre l'opportunité de revisiter nos projets en veilleuse pour conforter nos certitudes.
Quels sont ces projets auxquels vous faites allusion ?
Il s'agit principalement du projet d'expansion de la Sar qui consiste à agrandir la raffinerie pour porter la production à trois millions de tonnes par an (Pems 1) avec pour objectif d'ajouter une capacité de conversion (Pems 2).
Sa mise en place sur le site actuel de la Sar peut être compromise pour des raisons de sécurité. Avec ces contraintes et cette découverte pétrolière, nous pensons objectivement, en termes de perspectives, à la construction d'une nouvelle raffinerie qui traitera les enlèvements de pétrole brut pour créer une très forte valeur ajoutée dans le pays.
Il faut aussi reconnaître que la mise en œuvre de ce programme Pems dépend, entre autres, de certaines conditionnalités. Mais, d'ores et déjà, nous avons bien identifiés nos projets et nous attendons les orientations futures au niveau de l'actionnariat pour anticiper sur des contraintes, par exemple, liées à l'évolution qualité-produits.
Car les normes de qualité-produits Afri, promues par l'Association des raffineurs africains (Ara), constituent la référence en qualité de carburants dans la région.
Ces spécifications sont perçues comme une « feuille de route » pour atteindre des qualités minimales pour l'essence et le diesel. A ce sujet, nous serons tenus d'avoir des unités de désulfuration afin de respecter le taux de soufre dans le gasoil et le taux de benzène dans l'essence.
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